Inauguration

Ce dimanche de juin 1893 s’annonce radieux. Une de ces chaudes journées de début d’été que les Lucquerands vivent sans même avoir conscience du bonheur qui est le leur de bénéficier d’un microclimat aussi exceptionnel.

A un jet de pierres du centre du village s’est élevé en quelque 10 mois à peine une nouvelle et impressionnante bâtisse qui domine insolemment St Luc.

Ce dimanche de juin 1893 s’annonce radieux. Une de ces chaudes journées de début d’été que les Lucquerands vivent sans même avoir conscience du bonheur qui est le leur de bénéficier d’un microclimat aussi exceptionnel.

A un jet de pierres du centre du village s’est élevé en quelque 10 mois à peine une nouvelle et impressionnante bâtisse qui domine insolemment St Luc.

Son président de commune Benoît Antille, en fonction depuis le 1er janvier, et son associé du moment Joseph Vocat s’apprêtent à accueillir une trentaine d’invités venus inaugurer le « nouvel et splendide Grand Hôtel du Cervin » selon l’expression de Me Joseph de Lavallaz, avocat à Sion.

En ce mois de juin 1893, la construction n’est pas achevée. Comment le serait-elle puisque le 5 septembre 1892, Benoît Antille négociait encore le prix des pierres avec son architecte qui venait juste de terminer les plans.

Pressé d’exploiter l’hôtel et de gagner, ainsi, une saison, Benoît Antille décide de l’inaugurer. Pourtant, la façade n’est pas encore peinte et seule la moitié de l’établissement est apte à recevoir des hôtes. Dans le procès-verbal d’expertise fiscale au 29 août 1893, on lit ceci :

« Cet hôtel se compose de 75 pièces, dont la moitié a été livrée à l’exploitation depuis le 18 août courant, tandis que l’autre moitié ne sera parfaite et livrée à l’exploitation que pour la fin juillet prochaine. »

En cette année 1893, St-Luc compte 550 habitants… 2 chevaux, 305 vaches, 180 moutons, 126 chèvres, 62 porcs et 32 mulets dont un bon tiers au service des hôtels. C’est d’ailleurs en utilisant ce moyen de transport que la majorité des invités du jour arrivent à l’hôtel.

Au village, la construction du Cervin constitue un événement dont on a peine à imaginer l’impact. Les amis du maître des lieux, qui ont eu le privilège de visiter l’établissement, parlent avec admiration de la grande salle à manger, des salons de lecture, du fumoir, du billard…

L’eau courante n’existe au village, que pour alimenter les fontaines publiques. Dans les habitations, la plupart des cuisines sont encore sur terre battue ! Ces précisions sont nécessaires si l’on veut comprendre ce que pouvait représenter de confort, voire de luxe, la nouvelle construction.

De cette journée d’inauguration, il ne subsiste que deux témoins : la photo-souvenir et le magnifique tableau sous forme d’arrangement floral, composé de dizaines d’edelweiss qui dessinent une croix, avec pour inscription en sucre-glace « Souvenir de l’ouverture de l’Hôtel du Cervin » avec au bas, le nom de l’auteur et la date « Chaperon chef – 1893 »

De cette journée d’inauguration, il ne subsiste que deux témoins : la photo-souvenir et le magnifique tableau sous forme d’arrangement floral, composé de dizaines d’edelweiss qui dessinent une croix, avec pour inscription en sucre-glace « Souvenir de l’ouverture de l’Hôtel du Cervin » avec au bas, le nom de l’auteur et la date « Chaperon chef – 1893 »

Pour Benoît Antille, 1893 est une année faste. Sur le plan politique il est depuis 6 mois président de commune, son commerce de vin est florissant et il assiste aujourd’hui à l’achèvement de son rêve.

Etienne Gard